Burkina Faso: diantre! tout ça pour ça?

l'ex-baron du système Blaise s'est fait élire sans coup férir
C'est haut la main que le candidat du MPP ( mouvement du peuple pour le progrès), Roch Marc Christian Kaboré a remporté, dès le premier tour l’élection présidentielle du 29 novembre 2015, mettant fin à plus d'un an de transition. C'est par "un coup KO" ( plus de 53%), pour reprendre l'expression en vogue qu'il l'emporte, mettant fin à tout suspense pour un second tour. Est-ce qu' une véritable surprise pour quelqu’un qui était au sein de l'appareil d'Etat depuis un quart de siècle, est- ce qu'un changement? A analyser les récentes périphéries que le pays des Hommes intègres a connues, on peut en être dérouté.

Comptable. Après une insurrection populaire qui a renversée le régime de Blaise Compaoré en octobre 2014, les Burkinabè ont eu droit à une transition bon an mal an, marquée par une brève interruption au mois de septembre. Un cacique du régime revient aux commandes par les urnes, parce qu’étant fortuné, connaissant la sociologie du Burkinabè. Et pourtant, nombre de Burkinabè se disent toujours Sankaristes. Lors de cette élection, il y avait bien un candidat sankariste qui pouvait susciter l’adhésion populaire. 

Stanislas est là depuis des années et n'a jamais pactisé avec Blaise Compaoré. Dès lors, on ne peut se poser la question pourquoi chasser l'original pour élire la photocopie, pourquoi tant de soubresauts et tueries des innocents durant l'insurrection pour en être là aujourd'hui? car à bien des égards, Roch est comptable du bilan de Compaoré, pour avoir cheminer avec celui-ci pendant vingt-six ans, occupant divers postes: de ministre au premier ministre en passant par la présidence de l'Assemblée nationale. 
comment pourra-t-il faire un diagnostic de l'ancien régime pour aboutir à des éventuelles poursuites, car les dossiers brûlant ne manquent pas: assassinat de  Thomas Sankara, de Norber Zongo, déstabilisation de la sous- region ( Libéria, Guinée et surtout de la Cote d'Ivoire).

Du Blaise sans Blaise, cinq sur cinq, le MPP est constitué que de seconds couteaux du CDP, tous des ex-barons de l'ancien parti présidentiel:  Salif Diallo (numéro 2 du CDP) et Simone Compaoré, ex-maire de Ouagadougou. Il faut ranger cette élection sous le manque de maturité des Burkinabè, avec une polarisation de deux candidats ( Marc et Zéphirin ont raflé plus de 80% des voix). surtout durant la transition, la classe politique ne s'est pas régénérée, laissant libre champ à la classe politique présente.

Opulence. il y a surtout le vote ethnique, on a beau dire que le tribalisme n'existe pas au Faso, mais pendant la campagne, on a entendu des velléités d'instrumentalisation ethnique et religieuse. Roch est mossi, l'ethnie majoritaire au Faso et est né avec la cuillère en or à la bouche, ayant toujours vécu dans l'opulence. on nous dit aujourd'hui que c'est le triomphe de la démocratie, mais les vrais révolutionnaires doivent déchanter et les victimes de l'insurrection dans tout cela?
Pour le moment wait and see, comme on dit en anglais, en tout cas les garde-fous sont là, la moindre dérive serait fatale et pas d’état de grâce pour ce nouvel élu.
Allez Roch, au boulot, que du pain sur les planches!

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