L’électricité à Banjul, comme chez le coiffeur
la célèbre avenue Kairaba de Banjul, souvent plongée dans le noir la nuit |
Depuis plus de six mois, la Gambie vit une crise énergétique sans
précédent. En cette période de canicule où la température ambiante
avoisine les 35 °C, les Gambiens souffrent dans le
silence sur fond d`alternance politique suivie d`une morosité économique, en espérant une probable amélioration du
service d'approvisionnement en eau et en électricité.
En Gambie désormais, la distribution d`électricité s'effectue par intermittence, chaque quartier est
servi après coupure dans un autre. Chacun a son tour, comme chez le
coiffeur.
Assourdissant silence des autorités
Tout se passe comme si le navire gambien n'avait plus de
commandant de bord. Depuis le début de cette crise énergétique, il a fallu fin eptembre pour voir le President élu, Adama, Barrow visiter les installations de la société de distribution de ces deux denrées précieuses.
Au ministère de l`Energie, qui n'est dailleurs pas épargne par ces coupures intempestives, on affiche toujours cet optimisme langoureux et béat. En substance, nous y sommes, tout ira bien.
Tout est parti du départ fracassant et fatal de l'ancien président du
pays, Yaya Jammeh. Un départ synonyme de soucis pour nombre de sociétés
nationale. Pour se défendre, la société nationale d'électricité et d`eau
invoque la dette colossale qu`a laisser ce dernier.
Dans la rue,
la grogne et lexasperation gagnent du terrain, denoncant le silence de la Nawec. Les informations qui
filtrent sont aussi rares que laconiques. Dans cette crise, le secteur
privé en est le plus touché, le commerce, la couture, sidérurgie et PME...
Nawec (National Water and Electricity Company), un opérateur public en faillite
Présentant déjà un taux d’électrification faible de 40% dans tout le pays et de seulement 12% dans les zones rurales, la Gambie a en plus,
bien du mal à garantir l’approvisionnement en électricité des
territoires connectés. Les délestages intempestifs d’électricité font
rage dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest et compromettent désormais
la desserte des populations en eau potable. L’exaspération des
populations va crescendo et la paralysie des activités économiques
handicape d’autant plus ce pays sort de 22 ans de dictature.
Une situation kafkaienne due en grande partie aux difficultés
rencontrées par la compagnie nationale d’eau et d’électricité, Nawec.
Celle-ci doit fournir de l’électricité à près de 2 millions d’habitants
via des générateurs vieux de quarante ans, et dont plus de la moitié est
en panne. Problème, la compagnie est aujourd’hui en faillite et n’a
vraisemblablement pas les ressources pour financer les investissements
nécessaires. En situation de monopole sur le marché de l’énergie
gambien, elle n’a pourtant jamais eu à souffrir de la concurrence mais
plutôt d’une politique de privilèges désastreuse en vigueur sous
l’ancien gouvernement.
Le Sénégal à la rescousse
En attendant que la compagnie publique soit remise d’aplomb et que
les investissements nécessaires soient consentis dans les
infrastructures de production et de transport d’électricité, la Gambie
compte sur son voisin sénégalais pour assurer une grande partie de son
approvisionnement.
Approvisionnement qui a commencé depuis quelque deux mois dans les régions nord, frontalières du Sénégal. Un début de solution temporaire. Sachant qu'un pays ne peut fonctionner sans cette ressource vitale pour son économie et ne doit compter sur son voisin.
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