Commentaire sur la Gambie
Jammeh fait l’unanimité contre lui aujourd'hui |
La tentative
d’augmentation de façon exponentielle du
tarif pour les camions traversant la Gambie n'est que la dernière illustration en
date. Amadou nous éclaire sur la situation d'un pays et de son président qui
gouverne au gré de ses humeurs. Un président isolé sur la scène
internationale et de plus en plus affaibli à l'intérieur.
Yaya Jammeh fait presque l’unanimité contre lui
aujourd’hui.
Certainement,
c’était une augmentation de tarif digne d’être rangée dans les annales record
de Guinness. A la mi-février, le
Président gambien avait tout bonnement décuplé
le tarif du tonnage, passant de 4000
à 400.000 FCFA, soit un
taux d’augmentation de 100%.
Réputé
être imprévisible, le bouillant président gambien semble avoir piqué le caprice
de trop… les autorités sénégalaises l’attendaient au pied ferme. Jammeh abat aujourd’hui sa dernière
carte en faisant feu de tout bois.
C’est
un revirement dont seul le despote de Banjul possède le secret, prendre une
décision à la hâte et se raviser le
lendemain. Les Gambiens en sont
habitués aux frasques et dorénavant
restes indifférents. Sans doute, le smiling
coast, entendez la côte de
l’hospitalité intéresse peu sur la scène internationale. Elle n’a pas de
ressources naturelles. Pourtant l’ex-colonie britannique est l’un des coins les
plus paradisiaques d’Afrique…un hub commercial,
un supermarché à ciel ouvert.
Sur
le plan interne, ce micro-Etat de
moins de 11000 Km et moins de 2millions d’habitants va vers une présidentielle au mois de
décembre, la diaspora doit se mobiliser, les manifestations doivent se
poursuivre pour réclamer la révision du fichier électoral composé de nombreuses
irrégularités. Une élection
transparente pour tourner la page Jammeh
serait salutaire pour le pays.
1) Son
bilan, loin d’être reluisant aussi?
Après 22 ans de règne somme tout kafkaïen et tyrannique rythmé par
des violations des droits de l’homme, des tueries en cascade des journalistes.
Népotisme, favoritisme, tribalisme, corruption et prévarication généralisée.
Économiquement,
un pays exsangue, après la suspension de l’aide de l’Union européenne, du
Commonwealth, lequel Banjul taxait de
machine colonialiste.
La Chine
Taiwan dont dépendait la Gambie pour
compléter son budget a rompu ses relations diplomatiques. Le tourisme, secteur
rentable du pays est en chute libre depuis la menace terroriste dans la
sous-région et l’épidémie d'ebola. La monnaie, le dalasi s’est considérablement dépréciée.
Une
paupérisation qui pousse au phénomène du back-way, l’émigration clandestine ;
en 2015, plus de 8000 jeunes ont
quitté le pays pour l’Europe.
Comble
de malheur, l’un des poumons économiques du pays, les deux traversées en ferry,
Farafegne et Banjul sont boycottées depuis plus de deux mois. Le syndicat des
transporteurs sénégalais a décidé tout simplement de boycotter la traversée.
Les
conséquences du blocus préjudiciables pour les deux pays, notamment pour la
Gambie
Depuis
le blocus, les conséquences de part et d’autre sont difficiles à évaluer, mais
se sont fait sentir plus coté gambien : pénurie de carburant, coupures d’électricité, commerce à l’arrêt, énormes
pertes fiscales. Coté sénégalais, certaines denrées manquent à Ziguinchor. Le commerce fait vivre
de nombreux ressortissant de deux pays.
Face
au blocus, quelles solutions?
C’est la construction du pont financé par la
Banque africaine de développement (BAD), dont la pause de la première pierre a eu lieu depuis février 2015. Cela fluidifiera le trafic et il sera dans l’intérêt de deux pays. Une
autoroute desservant Tambacounda, Kolda et Sédhiou ne fera aussi que désenclaver cette partie méridionale du
pays.
Du
côté sénégalais, Macky Sall avait
montré beaucoup de signes de bonne volonté: première sortie après son élection
en Gambie, déchéance de nationalité puis expulsion de Koukoy Samba Sagna en 2012,
qui ne ménageait pas le pouvoir de Banjul, expulsion aussi de Sidya Bayo, l’opposant qui a revendiqué le putsch manqué de décembre
2014.
De Diouf à Macky en passant par Wade,
tous ont eu maille à partir avec
l’ancien putschiste sur fond de crise casamançaise.
Aujourd’hui les pourparlers entamés ce
week-end à Dakar achoppent sur certains points.
Mais On ose espérer que ces négociations aboutiront à un dénouement
heureux avec une satisfaction de deux cotés. Et jamais pareille situation ne
sera vécue de nouveau.
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