Commentaire sur la Gambie


Jammeh fait l’unanimité contre lui aujourd'hui
Après Idy Amin Dada, Jean-Bedel Bokassa, l'Afrique ne s’est toujours pas départie des burlesques et fantasques chefs d'Etats. Depuis son accession au pouvoir le 22 juillet 1994, par la faveur d’un putsch qui a renversé le père de la Nation Dawda Jawara, Yaya Jammeh ne cesse de faire des sorties fracassantes. Multipliant provocations, indignations et déclarations à l’emporte-pièce.
La tentative d’augmentation  de façon exponentielle du tarif pour les camions traversant la Gambie n'est que la dernière illustration en date. Amadou nous éclaire sur la situation d'un pays et de son président qui gouverne au gré de ses humeurs. Un président isolé sur la scène internationale  et  de plus en plus affaibli à l'intérieur.

 Yaya Jammeh fait presque l’unanimité contre lui aujourd’hui.
Certainement, c’était une augmentation de tarif digne d’être rangée dans les annales record de Guinness. A la mi-février, le Président gambien avait tout bonnement décuplé le tarif du tonnage, passant de 4000 à 400.000 FCFA, soit un taux d’augmentation de 100%.
Réputé être imprévisible, le bouillant président gambien semble avoir piqué le caprice de trop… les autorités sénégalaises l’attendaient au pied ferme. Jammeh abat aujourd’hui sa dernière carte en faisant feu de tout bois.
C’est un revirement dont seul le despote de Banjul possède le secret, prendre une décision à la hâte et se raviser le lendemain. Les Gambiens en sont habitués aux frasques et dorénavant restes indifférents. Sans doute, le smiling coast,  entendez la côte de l’hospitalité intéresse peu sur la scène internationale. Elle n’a pas de ressources naturelles. Pourtant l’ex-colonie britannique est l’un des coins les plus paradisiaques d’Afrique…un hub commercial, un supermarché à ciel ouvert.
Sur le plan interne, ce micro-Etat de moins de 11000 Km et moins de 2millions d’habitants va vers une présidentielle au mois de décembre, la diaspora doit se mobiliser, les manifestations doivent se poursuivre pour réclamer la révision du fichier électoral composé de nombreuses irrégularités. Une élection transparente pour tourner la page Jammeh serait salutaire pour le pays.

1) Son bilan, loin d’être reluisant aussi?
Après 22 ans de règne  somme tout kafkaïen et tyrannique rythmé par des violations des droits de l’homme, des tueries en cascade des journalistes. Népotisme, favoritisme, tribalisme, corruption et prévarication généralisée.
Économiquement, un pays exsangue, après la suspension de l’aide de l’Union européenne, du Commonwealth, lequel Banjul taxait  de machine colonialiste.

 La Chine Taiwan dont dépendait  la Gambie pour compléter son budget a rompu ses relations diplomatiques. Le tourisme, secteur rentable du pays est en chute libre depuis la menace terroriste dans la sous-région et l’épidémie d'ebola. La monnaie, le dalasi s’est considérablement dépréciée.
Une paupérisation qui pousse au phénomène du back-way, l’émigration clandestine ;  en 2015, plus de 8000 jeunes ont quitté le pays pour l’Europe.
Comble de malheur, l’un des poumons économiques du pays, les deux traversées en ferry, Farafegne et Banjul sont boycottées depuis plus de deux mois. Le syndicat des transporteurs sénégalais a décidé tout simplement  de boycotter la traversée.



  Les conséquences du blocus préjudiciables pour les deux pays, notamment pour la Gambie

Depuis le blocus, les conséquences de part et d’autre sont difficiles à évaluer, mais se sont fait sentir plus coté gambien : pénurie de carburant, coupures d’électricité, commerce à l’arrêt, énormes pertes fiscales. Coté sénégalais, certaines denrées  manquent à Ziguinchor. Le commerce fait vivre de nombreux ressortissant de deux pays.

Face au blocus, quelles solutions?

 C’est la construction du pont financé par la Banque africaine de développement (BAD), dont la pause de la   première pierre a eu lieu depuis février 2015. Cela fluidifiera le trafic et il sera dans l’intérêt de deux pays. Une autoroute desservant Tambacounda, Kolda et Sédhiou ne fera aussi que désenclaver cette partie méridionale du pays.
Du côté sénégalais, Macky Sall avait montré beaucoup de signes de bonne volonté: première sortie après son élection en Gambie, déchéance de nationalité puis expulsion de Koukoy Samba Sagna en 2012, qui ne ménageait pas le pouvoir de Banjul, expulsion aussi de Sidya Bayo, l’opposant qui a revendiqué le putsch manqué de décembre 2014.
De Diouf à Macky en passant par Wade, tous ont eu maille à partir avec  l’ancien putschiste sur fond de crise casamançaise.
 Aujourd’hui les pourparlers entamés ce week-end à Dakar achoppent sur certains points.  Mais On ose espérer que ces négociations aboutiront à un dénouement heureux avec une satisfaction de deux cotés. Et jamais pareille situation ne sera vécue de nouveau.





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