Quand le campus de l'Ucad était à feu et à sang
L'Ucad a été le théâtre de nombreux affrontements en 2014 |
Construite avant
l'indépendance et conçue initialement pour quelques 10 000 étudiants,
l'Université Cheikh Anta Diop en est
aujourd'hui à plus de 80 000. Les problèmes et défis sont légions, dont celui
de la violence notamment.
Contrairement à sa fière devise (lux mea lex), que
la lumière soit ma loi, la violence quels que soient par ailleurs ses
auteurs, est tapie derrière les lumières de la raison.
On a coutume de dire que les valeurs se transmettent par l'éducation qui est
une entreprise impliquant générosité et rédemption. L'éducation signifie mettre
à jour des possibilités latentes de l’infant, est aussi optimiste que celle
d'érudition. Étymologiquement educere est
conduire hors des ténèbres, de l'obscurantisme et eruditio, processus par lequel le pédagogue mène l'homme hors de la
barbarie. C'est pourquoi paradoxe et
incompréhension ne peuvent être mieux
sur la présence accrue de violence à la fac et au campus. Devons-nous nous
poser la question comment est-ce que possible d'avoir, humainement la gaieté du
cœur, quand le corps et l'esprit qui ont besoin d'une certaine sérénité, se
trouvent quasiment envahis par des obstacles saillants. Le fait est assez
évocateur, le surnombre, la promiscuité le déficit d’infrastructure ne sont que
des facteurs aggravants. Aujourd'hui vu le nombre à l'Ucad en particulier à
Flsh, devenu un terreau favorable à toutes formes de comportements bestiaux et
agressifs. On peut citer entre autre: la massification outrancière, les
mauvaises notes à l'examen, le taux d'échec élevé, la promiscuité due à
l'insuffisance de salles de cours, l'insuffisance et la sobriété de
l'enseignement reçu liées aux difficultés à respecter le quantum horaire
requis. L'impossibilité et la difficulté pour les enseignants et les étudiants
de disposer de vacances dont on connaît l’importance pour le repos du corps et l’esprit,
les nombreuses réformes sans consensus.
HORREURS IMPUNIS
De Balla Gaye tué en 2001 au campus
social à Bassirou Faye en 2014, les cas de crimes au campus sont innombrables
et restent impunis. Le pic a été atteint le 14 Août 2014, ce jour d'intifada,
le pire a eu lieu au campus. Une cinquantaine d'étudiants blessés, dont
certains grièvement, de pillages de toutes sortes (ordinateurs, vêtements,
objets précieux), avec en toile fond le meurtre de Bassirou Faye, abattu en
plein jour près du pavillon D. Les stigmates sont toujours perceptibles au
campus avec les impacts de balles et les vitres cassées. Et combien d’étudiants
gardent toujours le traumatisme de ces violences inouïes? Auparavant un fait
banal a priori avait fauché un étudiant au mois de ramadan 2014. Ce jour-là,
une bagarre avait viré au drame pour histoire de positionnement sur une file
pour accéder au restaurant.
-Que dire de
Cette matinée de Novembre 2013, à cause de l'augmentation des droits
d'inscription et celles de tickets de restauration avec un vandalisme
ineffable, dont un étudiant a perdu un œil?
-Que dire des
medias nationaux (radio, journal et télévision confondus) qui se servent de
l'université comme un endroit frondeur et pourvoyeur de l'actualité négative (les
choses positives comme la soutenance de mémoires et thèses ou découvertes sont
rarement relayée par les médias)?
-Que dire de la
décision paradoxale à l'effet escompté d'installer une police universitaire au
campus en 2013-2014. La suite, on la connaît, la cohabitation était exécrable.
Quand on sait que durant cette même année est né le mouvement "Master pour
tous"(avec les réformes, tous les licenciés ne peuvent faire le Master, d'où
la sélection observée)?
SOLUTIONS
Aujourd’hui il
est clair que seule une analyse et un diagnostic sérieux peut sortir l'Ucad
de la léthargie dans laquelle elle se trouve et ce calme relatif. Avec une
concertation avec tous les acteurs du milieu, dont les amicales d’étudiants qui
ont un rôle majeur à jouer. Réfléchir sur les voies et moyens pour désengorger
l’Université, par l’ouverture d’autres Universités dont Unidak2 a Diamniadio.
Et surtout diversifier les filières d’enseignement dès l’obtention du Bac,
permettant à ce que tous les nouveaux bacheliers ne viennent pas à l’Université.
Le recrutement des enseignants, les doctorants notamment qui peinent à entrer
dans la fonction publique ; et qui permettant le renouvellement du corps
professoral de plus en plus vieillissant. Il faut dire aussi que des
propositions et réflexions existent déjà, mais qui dorment dans les tiroirs du
ministère de tutelle. Par frilosité et manque de courage l'Etat peine à les
appliquer. Pourtant, il le faut vivement, malgré les conséquences ; il
suffit d’y aller avec prudence et sagesse.
Pour terminer, la
violence est combattue aussi bien par la religion musulmane que chrétienne et
la morale qui lui opposent la paix, la charité, le pardon, le dépassement,
l'amour et qui insiste surtout sur la non-violence dont Mahatma Gandhi et
Martin Luthin King Junior ont tant prôné et vanté les vertus.
Barryologie
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