Quand la Faculte des Lettres et Sciences Humaines fait peau neuve
véritable métamorphose en un laps de temps au grand bonheur de ses acteurs |
Nouvel
aménagement à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’UCAD
Quand la FLSH fait peau neuve
Dorénavant coquillages,
béton blanc, pelouse, pavage, bancs
publics, fleurs, arbres peints et joliment coupés sont le nouveau décor de la
façade de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines; à quelques encablures de
la Bibliothèque universitaire. On s'y perdrait car il y a sous peu, on pouvait
y passer avec indifférence. Ce lieu se
trouvait dans un piteux état: poussière d’âcreté en saison sèche, boue en saison
de pluie, arbres ombrageux ; feuilles fanées et ordures de toutes sortes
hantaient les lieux. Tout s'est métamorphosé en moins de deux mois au grand
bonheur des acteurs de ce sanctuaire du
savoir.
Reportage
La
vie reprend son cours timidement à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar
(Ucad). En ce mois de fraîcheur sèche de début d'année, l’accoutrement est
souvent particulier pour lutter contre le froid qui règne. L'Ucad un matin de
jour ouvrable, sous un soleil de plomb, les jardiniers s’affairent à déblayer
l'espace, les étudiants reprenant
timidement les cours. Premier interlocuteur, un jeune étudiant en 6ème année à la
faculté de médecine, Abdou Karim DIALLO longiligne, mine joyeuse, il porte un
pantalon jean et un blouson, son impression c'est l'espace qui a complètement
changé en un laps de temps, il exulte en insistant sur l'aspect environnemental
«d'habitude, j'apprends à la
Bibliothèque Universitaire, mais depuis l'aménagement de ce jardin j’y viens
bosser car le naturel est important, ça favorise la bonne maîtrise des cours».
Mr Mamadou NDIAYE maître de conférence à la dite faculté, confortablement assis
dans son bureau, costume sombre soigneusement porté s’exalte «nous méritons un
environnement sain pour la bonne marche de notre faculté, ceci est somptueux». Il ne trouve pas des mots pour remercier le
concepteur du projet le doyen de la faculté. A quelques mètres de là Mr. Pape
Aliou NDAO sociolinguiste maître de conférence au département de linguistique ;
taille géante plutôt corpulent ; est du même avis, rencontré dans les
couloirs de la dite faculté, documents en main ; il enchaîne « c'est le
minimum que l'on puisse faire pour l'espace, ailleurs c'est toujours comme ça,
nous on est très en retard sur le respect environnemental, aucun esprit écologiste
et de bien commun. Faites un tour à l'IFAN, c'est indescriptible, le pavé est
dans un état de dégradation avancée, ça ne gêne personne, des personnalités y
traversent quotidiennement sans piper mot». Au département de linguistique Marie
Sene, nouvelle bachelière ; teint noir, plutôt bréviligne, pull-over
blanc, pantalon jean noir s’enthousiasme « c'est vraiment beau, c'est un lieu
d'apprentissage, où il y a le sens du naturel, où on peut faire des
connaissances entre étudiants aussi».
Plus
tard à la mi-journée dans une ambiance de chaleur, on y trouve peu de
personnes, nous avons rencontré l'entrepreneur, maître d'ouvrage, Mr. KEBE le
même concepteur du jardin de la faculté de médecine. Du haut de sa taille
géante teint noir, mine éblouissante, lunettes soigneusement chaussées,
pantalon en couleur marron, avec un ton très panégyrique. Il complimente le
maître des céans, le doyen de la faculté Mr Amadou Abdou SOW « c'est un vrai bâtisseur,
on l'appelle Atepa (qui signifie bâtisseur en langue diola). Il n'a fait que
poser les premiers jalons du changement ici ; le meilleur reste à venir».
A la mémoire des
victimes du "joola"
En
arrière-plan du jardin est érigée une plaque commémorative des victimes du
bateau de "joola" ; tous étaient des étudiants de la faculté. On
peut y voir les noms de 80 étudiants disparus ;
qui venaient s'inscrire pour la nouvelle
année académique.
A
quelques 5 mètres se trouve la seule buvette de la faculté, son gérant appelé
affectueusement Pa KANE par les étudiants, taille géante, plutôt voûté, dans un excellent poular; sa langue
maternelle , il ne tarit pas d'éloges à l’endroit du concepteur du projet,
il s'en contente « depuis 1976 je suis là, aucun doyen ne l'avait fait, grâce à
ceci ma recette peut s’améliorer, car désormais les étudiants sont pas enclins
à rentrer précitamment à leur descente, ils restent ici à batifoler et
apprendre éventuellement. En plus de cela je ne balaye plus depuis le pavage de
la devanture, il y a des balayeurs qui assainissent fréquemment». Un de ses
clients Demba LO, étudiant en Master1
teint noir foncé, chemise multicolore
manche courte, pantalon jean noir ; trouvé dans la gargote renchérit «
c'est une bonne chose, mieux vaut tard que jamais, nous disons merci au doyen, l'espace
nous permet de nous reposer, mais nous suggérons des tentes pour l'ombre, car
il sera ensoleillé et pendant la canicule on aura du mal à y s'asseoir, j'appelle
les étudiants à préserver cet espace».
«Il reste beaucoup à
faire!»
Sur
les mêmes lieux, des étudiants rencontrés ont émis des avis très tranchés et
moins laudatifs. Une étudiante en plein palabre avec ses amies s'est exprimée, elle
a requis l'anonymat «c'est très joli, c'était la faculté la plus arriérée, j’exhorte
mes condisciples étudiants à être matures et responsables. Cependant dans la
faculté des priorités ne manquent pas, nous méritons des toilettes plus
propres, les amphithéâtres sont archi combles comme un œuf, pas de
climatisation rien!». Sa voisine reprend
«le nouveau jardin nous fait vivre, mais il faut plus de poubelles,
éviter de marcher sur la pelouse aussi». A quelques encablures de là, un autre
groupe d'étudiants dont El hadj NDIAYE,
chétif teint noir, vêtu d'une chemise noire, il assure « c'est un espace de
lecture, la vraie image de l'université, cependant beaucoup reste à faire, vu
l'effectif pléthorique des étudiants avec des amphithéâtres délabrés et exigus,
mais Paris ne s'est pas construit en un seul jour, j'appelle les étudiants au
civisme».
Son
compagnon enchaine, Moustapha BA, étudiant en licence3 teint clair, chemise
bleue « il faut augmenter les toilettes. Figurez-vous plus de 30.000 étudiants
hommes et femmes qui fréquentent les mêmes toilettes quotidiennement, c'est
sans appel et ineffable. Dans les amphithéâtres, ce sont des milliers des étudiants
qui font cours ensemble ; pas de climatisation, sonorisation défaillante».
Par
ailleurs, toutes nos tentatives pour recueillir le point de vue des autorités
de la faculté, en particulier le concepteur du projet le doyen Amadou Abdou SOW
sont restées vaines, sous le prétexte d'une contrainte de temps.
Cet
aménagement du temple de savoir qui a formé tant des sommités pour ce pays et
au reste au monde depuis plus d'un demi-siècle
constitue une avancée majeure, qui tombe à point nommé. Mais ce sanctuaire
mérite plus ; car les défis ne manquent pas: effectifs pléthoriques,
amphithéâtres exigus et insuffisants, manque de climatisation, de toilettes
adéquates, suffisantes et insalubrité.
Au finish, pour nos interlocuteurs ; il faut continuer sur cette
lancée, pour que cet aménagement ne soit pas qu'une vitrine et un arbre qui cache
la forêt.
Barryologie
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